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Ségolin

Ségolin

Bashung, le lendemain qui tue

Recueillement et applaudissements lors de l’ultime hommage au musicien, désormais résident du Père-Lachaise.

PAR BAYON, BRUNO ICHER et GILLES RENAULT - LIBERATON DU 21/03/09 - 6h51

Soudain, dans le silence de l’église, la voix de Jerry Lee Lewis a entonné Great Balls of Fire - à un volume relativement faible ; plus faible en tout cas que celui auquel le défunt aurait pu aimer l’écouter.C’était à la fin de la cérémonie religieuse, lorsque la famille présente d’Alain Bas(c)hung commençait à défiler devant le cercueil du chanteur, et le tout premier sourire de la journée se mit à éclairer les visages. Du bon vieux rock qui coulisse, c’était encore la meilleure chose qui puisse arriver dans cette matinée cafardeuse où le soleil faisait semblant de réchauffer le parvis de Saint-Germain-des-Prés fraîchement balayé par un vent sournois.

Auparavant, un prêtre avait feint de donner un peu de sens à tout ça, à commencer par la présence de Bashung dans ces lieux. Une citation furtive des Mots bleus, de Christophe, une digression autour de la notion de «résident» - de passage, donc - allusion à Résidents de la République, un des titres emblématiques du dernier album, Bleu pétrole. L’homme en soutane avait aussi essayé de convaincre l’assistance de réciter un Notre Père. Sans résultat. Il laissa sagement la place à Chloé Mons, troisième épouse de Bashung et mère de son deuxième enfant, puis, donc, à Jerry Lee Lewis et à son antiprèche luciférien des «boules de feu» qui «secouent les nerfs et qui décapent le cerveau», précédant deux ou trois autres couplets anglo-saxons (Neil Young…).

Photo de classe. Après la sortie des officiels, de la ministre de la Culture, Christine Albanel, à Christophe Girard, adjoint du même métal à la mairie de Paris, les abords de l’église étaient alors envahis par une flopée de lunettes noires et de fumées de clope, derrière lesquelles la foule, massée sur le trottoir d’en face, put reconnaître au petit bonheur Françoise Hardy et Jane Birkin, Jean-Louis Aubert et Daniel Darc, Matthieu Chedid et Mélanie Laurent, Gaëtan Roussel de Louise Attaque, et Arman Méliès, Bertrand Cantat et Denis Barthe de Noir Désir, Alain Souchon et Laurent Voulzy, Claude Rich et Catherine Deneuve, Jean-Pierre Kalfon et Patrick Bouchitey, les musiciens qui l’avaient suivi ces dernières années…

Une vieille dame appuyée sur une béquille, sourire aux lèvres et croix autour du cou, passait d’un invité à l’autre en brandissant une photo de classe. Celle, d’Alain Bashung à l’Ecole nationale de commerce, promo 64-65, en demandant à chacun : «Vous saurez le reconnaître ?» Facile, il est en haut au dernier rang, sur la gauche. Crinière noire en banane, sourire carnassier et œil clair. Il obtiendra son BTS comptabilité mais, sur la photo, il a déjà l’air de chanter quelque chose.

De l’autre côté de la rue, en plein soleil, une puissante, longue et digne salve d’applaudissements accompagne la sortie du cercueil, comme pour un ultime rappel qui ne viendra plus jamais. Contraste bruyant avec le recueillement qui prévaut sur l’esplanade pavée, le trafic qui ceinture l’église Saint-Germain-des-Prés avale prestement le corbillard bleu, qui ira stationner en début d’après-midi au cimetière du Père-Lachaise.

Prévue à 14 h 30, l’inhumation a été avancée dans la précipitation d’une demi-heure. Alain Bashung devant reposer avenue de la Chapelle, dans la 20e division - tourner à droite, puis remonter un peu vers la gauche, à partir de l’entrée principale. Le lieu est propice, un peu en retrait, oblique, derrière un rond-point où trône la statue de Casimir Périer.

Magnétique. Sur l’étrange placette circulaire en terrasse concernée, comme étrangère, antipodique au soleil magnétique de cette heure, plusieurs centaines de badauds ont encore afflué, silencieux, venus suivre ce proche qu’ils connaissaient si peu. Immobile, tendu, posé, c’est l’auditoire inconnu et familier de Bashung le silencieux. Couples, groupes d’amis, bébés en kangourous, au moins deux générations se croisent derrière les barrières métalliques qui ont été disposées pour contenir inutilement l’affluence tranquille. Deux femmes assises, une fleur à la main, patientent sans affectation. Curieusement, d’ailleurs, les mines ne sont pas généralement expansives dans la déploration. On attend, chuchote, scrute ; qui en contrebas sur le terre-plein verdoyant, qui plus haut par les interstices des pierres tombales, passants se distrayant à détailler le défilé d’amis et personnalités - les mêmes qu’à l’église, plus l’aîné sosie effacé Jacques Higelin, Rachid Taha le petit frère, Pierre Lescure, Mondino, Richard Kolinka… -, chacun jetant tour à tour une gerbe blanche au fond de la petite fosse où gît le nouvel entrant. Christophe, corseté tel Proust au Jeu de Paume, confère avec les fossoyeurs et confie à l’enterré une médaille à l’effigie d’Oscar Wilde et au chiffre de Bashung ; Claire Denis la cinéaste, de sa voix voilée, parle d’une cassette de la mélopée Merci bon Dieu d’Harry Belafonte. A la ronde, vigilant, dans son inquiétante étrangeté de pierres, les yeux clignotants, le peuple de Bashung.


Le lien vers l'article de Libération

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